Tirer partie des fonctionnalités "réseau" d'Infoworks ICM
L'écosystème des outils de modélisation hydraulique est plutôt vaste et bien fourni, et permet de trouver relativement facilement un outil adapté à chaque besoin et à chaque budget.
On peut ainsi travailler sur des outils gratuits, libres comme Telemac ou propriétaires comme HEC RAS, ou des outils payants, dont les budgets peuvent s'échelonner de quelques centaines d'euros à quelques dizaines de milliers d'euros, selon le modèle de licence, les dimensions des modèles, les fonctionnalités, voire les performances que le modélisateur voudra mobiliser.
On s'intéresse aujourd'hui au logiciel Infoworks ICM, édité par Innovyze et distributé en France par Géomod, notre partenaire sur certains projets de recherche interne.
Ce logiciel fait partie des outils payants, dont le coût peut devenir important selon les fonctionnalités choisies. En formation, on me pose souvent la question de l'intérêt d'acquérir ou de louer un logiciel pour un budget conséquent, lorsque des alternatives gratuites existent. J'apporte ici un début de réponse, en détaillant certaines fonctionnalités propres à ICM qui permettent de gagner du temps et intrinsèquement offrent un retour sur l'investissement initial; fonction bien sûr du contexte d'exploitation du logiciel : les capacités qu'a ICM à pouvoir travailler en réseau. Ce travail en réseau peut se faire sur plusieurs tableaux.
Note : n'ayant aucun lien avec l'éditeur Innovyze ou le distributeur Geomod, les avis partagés ici le sont en toute indépendance.
Les bases de données partagées
ICM centralise ses données au sein d'une base de données, afin d'offrir un versionnement, une gestion des scénarios, et in fine de limiter le risque de perte ou de corruption de données. L'option de base consiste à travailler sur une base de type fichier (standalone), adaptée à un travail en local et avec un seul modélisateur à la fois.
Si l'utilisateur choisit en revanche de travailler en base de données dites "Workgroup", il aura accès à des vraies fonctionnalités associées à une base de données : possibilité de travailler sur des données localisées sur un serveur distant, possibilité d'accès concurrent aux mêmes données et capacité à modifier le même réseau en parallèle, ICM assurant la gestion des conflits éventuels. L'outil gère également les données hors ligne, stockées ponctuellement en local, puis centralisées en base.
Cette première fonctionnalité offre déjà des possibilités intéressantes dès lors qu'on travaille soit en équipe, soit sur des projets nécessitant une gestion de données avancée, notamment du fait de la taille des modèles, du nombre de scénarios, etc...
la gestion des licences
Le second volet sur lequel ICM permet de travailler en réseau est sur le plan de la gestion des licences : la licence de base est proposée en local, généralement une clef USB à placer sur le pc sur lequel le modélisateur va travailler. Les licences peuvent également être disponibles en réseau, soit encore via une clef, soit via un serveur de licence (licence dite "soft").
Cette dernière option, "soft", présente quelques avantages intéressants :
- la ou les licences sont installées sur un serveur, auxquelles accèdent toutes les machines exploitées pour la modélisation. Les licences sont distribuées selon leur disponibilité, en dissociant la licence d'édition (ie. l'accès à l'inteface) et la licence de calcul. Toute une équipe peut ainsi se partager les licences de façon très souple, en fonction de la disponibilité, et ce même si l'équipe est distribuée, et non localisée dans la même implantation.
- la ou les licences peuvent être "réservées" sur une machine spécifique pour une durée déterminée, ce qui peut correspondre par exemple à un besoin d'avoir une licence en local pendant un déplacement par exemple.
- n'importe quelle machine peut avoir accès à ces licences, y compris les serveurs virtuels, ce qui ouvre des perspectives intéressantes du point de vue du Cloud Computing.
- plus de risque de perte de clef usb.
Cette option de "soft" licence demande toutefois quelques étapes de configuration, Innovyze ne proposant malheureusement pas de service clef en main pour ces types de licence :
- disposer d'un serveur, accessible et bien protégé;
- configurer les postes clients pour accéder à cette machine;
- mettre à jour de temps en temps l'ensemble, notamment lors de l'update des licences.
l'optimisation de l'usage des machines
Les deux volets précédents, combinés, ouvrent des possibilités très intéressantes vis à vis de l'optimisation des calculs : la gestion centralisées des données via la base Workgroup permet à plusieurs machines d'accéder aux modèles, tandis que les licences "soft" permettent de distribuer en souplesse les licences d'ICM.
Il devient alors très facile de gérer l'édition des modèles sur les machines couramment utilisées par les modélisateurs (pc de bureau, ou portables), tout en lançant les simulations sur des serveurs de calcul, plus adaptés aux calculs lourds, notamment s'ils sont optimisés pour ICM, via l'exploitation d'un processeur multicoeur et d'une carte graphique compatible avec les calculs GPU CUDA. L'ensemble se fait de façon très fluide, l'interface donnant accès à la liste des machines disponibles sur le réseau, configurées au préalable pour recevoir des simulations, et ne nécessite pas d'opérations de transferts de données d'une machine à une autre.
En bref
La configuration réseau n'est pas forcément utile dans tous les scénarios, notamment dans le cadre d'études simples, où des outils plus basiques peuvent suffire, d'autant plus que cette option représente un surcoût important par rapport à la version monoposte de base.
Cependant, ce fonctionnement en réseau permet rapidement de gagner en souplesse d'exécution, en optimisant à la fois l'usage des licences, les temps de calcul via l'utilisation de machines dédiées, et le travail collaboratif sur la construction et l'exploitation des modèles. Ce type de configuration peut notamment permettre la mutualisation, à la fois des outils de calcul et des modèles, pour viser la mise en oeuvre de systèmes d'information et de modélisation à l'échelle d'un territoire, un des scénarios d'exploitation des modèles déjà évoqué dans l'article suivant.
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